Ici, on ne dit ni bonjour, ni au revoir : on dit Hare Krishna ! Je suis à Mayapur, la ville Hare Krishna. Les commerçants, les rickshaws, les passants, les hauts parleurs, tout le monde dit Hare Krishna. Et moi même après une journée, je m`y mets ! Egalement, quand je refuse l`aumône à un mendiant, je ne dis plus 'Sorry !' mais 'Hare Krishna" ce qui me parait être un motif beaucoup plus convainquant. Depuis avant hier, les indiens me saluaient sur la route en me disant Hare Krishna car pour eux un européen dans le coin ne pouvait aller qu`au centre d`Iskcon de Mayapur et ils avaient raison. Me voici arrivé dans un des lieux les plus étonnants que j`ai pu voir, réunissant plusieurs temples dont un gigantesque en construction, hôtellerie, école, magasins, jardins etc.: le centre spirituel de l'association internationale pour la conscience de Krishna, Iskcon. Ce sont les gens bizarres qu`on voyait surtout dans les années 90 parcourant les capitales européennes en robe orange, la tête rasée avec seulement une touffe de cheveux en haut de l`arrière du crane. Popularisé par l`ex Beatles George Harrison, le mouvement est né aux États Unis en même temps que celui de la contre-culture et s`est développé en Russie après la chute du mur. Il est vrai que je vois ici pas mal d`américains (ou canadiens) et de russes (ou estoniens) mais pas seulement. Cela faisait longtemps que je n`avais pas vu d`européens et j`en étais contents mais ceux là sont tellement exotiques qu`ils ne me paraissent pas vraiment venir d`Europe. Généralement, ils ont été convaincu par les écrits du fondateur Swami Prabhupada et ont décidé de venir passer six mois ici pour étudier (spiritualité et sanskrit), chanter, pratiquer leur instrument de musique (la musique et très importante dans ce courant de l`hindouisme) et s`occuper de propager la doctrine, par exemple par la vente de livres. Il faut avouer qu`en discutant avec certains d`entre eux, ils ne m`ont pas paru spécialement illuminés. Ils sont calmes, ont le regard vif et ne se désolent pas quand on leur dit qu`on ne connaît pas leur swami, ni ne s`exaltent en parlant de leur gourou. Pour autant je serais curieux de savoir ce qu`un psychiatre peut penser du fait de répéter inlassablement Hare Krishna. Il y a même un endroit qui s`appelle le non-stop Hare Krishna, où en permanence des moines indiens répètent en musique ce mantra car la répétition perpétuelle du nom de dieu est un bon moyen de se rapprocher de lui. En principe, ce mantra doit être récité par le fidèle 1 728 fois par jour, ce qui correspond à 16 tours d'un chapelet de 108 grains, un japa. Les pujas dans les temples sont les célébrations les plus étonnantes que j`ai pu voir. C`est bien dommage qu`il soit interdit de rentrer avec caméra ou appareil photo et l`on est fouillé (il y a par contre des caméras de surveillance à l`intérieur). C`est une grande assemblée qui chante, se balançe de droite à gauche, levant les bras. Il y a beaucoup d`instruments de musique : tambourins, petits orgues, violons, cymbales. On fait le tour du temple devant les représentations de la vie de Krishna. On s`allonge par terre. On lance des pétales de fleurs sur la statue du fondateur. Mais c`est surtout l`ambiance, difficile a décrire, qui est vraiment spéciale. Les vêtements, les attitudes, il y a parfois de très belles danses de femmes indiennes ou des danses frénétiques. Voici deux photos trouvées sur le net, exemples des représentations qu`il y a dans le temple.